UN EXPERT RECONNU ACCOMPAGNE LE PROGRAMME GEOTHERMIES
Christian Boissavy était le président de l'association française des professionnels de la géothermie jusqu'à l'année dernière. Il accompagne l'équipe du forage de Satigny de ses conseils.
- Christian Boissavy, que venez-vous voir sur le forage?
Je suis mandaté par les responsables du programme GEothermies pour porter un regard externe et critique sur ce qui s'y fait. Mon rôle consiste à apporter mon expertise pour permettre de capitaliser les observations en termes de planification et d'organisation ; l'objectif est de passer un jour à des forages profonds : en effet, il est important de tirer le meilleur parti de l'investissement que l'on fait à Satigny ; car en géothermie, plus c'est profond, plus c'est chaud ; mais aussi plus c'est compliqué et coûteux…
- Combien de forages avezvous suivi au cours de votre vie professionnelle ?
En 40 ans, j'ai suivi plusieurs dizaines de forages, en France et à l'étranger ; certains descendaient à 3 ou 4 km de profondeur. J'ai aussi été consultant à la Commission européenne dans les années 80. L'Europe a financé beaucoup de projets de géothermie, sous forme de puits d'exploration transformés en puits d'exploitation.
- Et la France?
Un million de Parisiens sont chauffés à la géothermie. La région parisienne compte une cinquantaine de doublets de forage à 2 km de profondeur. Actuellement, une opération est menée aux Batignoles, au nord de Paris, à 800 m de profondeur. D'ailleurs, la géothermie ne demande pas beaucoup d'espace : il ne faut que 3'000 m2 pour un forage. On peut même creuser dans un jardin ! C'est là l'un des grands avantages de la géothermie : cette source d'énergie est très discrète. 80 % des Franciliens (habitants des alentours de Paris) qui sont chauffés par la géothermie ne le savent même pas !
- Peut-on comparer la France à la Suisse, en matière de recherche dans le sous-sol?
En France, beaucoup de forages exploratoires avaient déjà été faits pour l'industrie pétrolière, ce qui est avantageux pour trouver la bonne température, et surtout une quantité d'eau suffisante.
En Suisse il y a eu peu d'exploration géophysique, et on n'a pratiquement pas réalisé de forage profond. Par contre, la Suisse a été très en avance sur les sondes géothermiques à faible profondeur.
- Et Genève ?
En France voisine, les pétroliers français ont creusé un puits à Humilly. Pour le reste, on explore, à commencer par Satigny. Pour le moment, on y a trouvé ce qui était attendu : le forage confirme la courbe géologique prévue. Je me réjouis de voir ce que nous réserve la profondeur de 650 m. Et même si l'on ne trouvait rien à Satigny, il ne faudrait surtout pas se décourager : c'est la vocation de la phase exploratoire de rechercher et d'apprendre de ces recherches.